Des réponses à l’inaction individuelle et collective face au changement climatique

le syndrome de l’autruche, de George Marshall

Quand j’ai commencé à découvrir en chiffres et études ce que je pressentais de manière intuitive sur l’état de notre monde et du réchauffement climatique, j’avais en même temps une grande incompréhension – teintée de colère et d’injustice :

Alors qu’on connaît la situation, que les chiffres sont accessibles pour qui s’y intéresse, pourquoi ne fait-on rien ?

J’avais déjà récolté quelques pistes de réponse : l’être humain s’est développé avec la capacité à réagir à son environnement immédiat, et non à partir de données factuelles déconnectées de sa réalité quotidienne. Ce livre est venu apporter de nouveaux éclairages sur nos fonctionnements individuels et sociétaux.

Au niveau individuel, l’approche psychologique nous montre notamment l’habileté de notre esprit à se mentir à lui-même au travers notamment de biais de confirmation : “la tendance à privilégier les preuves qui étayent nos connaissances, idées et croyances. Elles créent une carte mentale – ce que les psychologues nomment un schéma – et, lorsque nous sommes confrontés à une nouvelle information, nous la modifions pour l’insérer au schéma existant, selon un processus appelé ‘’assimilation biaisée’’”1.

Au niveau sociétal, l’auteur met en lumière, entre autres, comment chaque groupe social se construit sur des valeurs communes et ses propres interprétations de la réalité. Dès lors qu’un discours d’un autre groupe social, par exemple celui d’un groupe décrit comme “écologiste”, va défendre une idée ou un comportement à suivre, le groupe initial va renforcer son positionnement contre cette idée. J’ai soudain compris comment une argumentation, que je pouvais développer de manière rationnelle et factuelle, pouvait complètement rater sa cible. Comme pour le discours des climatologues ou scientifiques abordant la question du climat, mes paroles ne se réduisent pas à elles-mêmes : elles sont empreintes, pour mes interlocuteurs de l’image qu’ils se représentent de moi

George Marshall ne nous laisse cependant pas seuls face à ces constats : il propose des techniques pour amoindrir nos biais cognitifs, de communiquer sur la proximité du changement climatique (en créant un sentiment de proximité) et de mêler à la lutte contre ce changement des valeurs dans lesquelles plus de monde peut se reconnaître pour pouvoir collectivement faire face à ce grand défi.

ALLER PLUS LOIN

Dans cette recherche de communiquer autrement sur ce thème, l’étude Des images et des actes s’est intéressée à l’impact des visuels environnementaux sur l’engagement. Depuis les années 1980, l’ours polaire est resté l’image la plus couramment utilisée, comme en atteste le bandeau du livre le syndrome de l’autruche. Le site de l’étude permet d’avoir un aperçu intéressant sur quels visuels utiliser suivant les interlocuteurs, les émetteurs et l’impact recherché… : www.desimagesetdesactes.fr

Une banque d’images, en licence libre, complète cette étude pour parler autrement du climat : www.climatevisuals.org

Maïté – pour Agapae

1 George Marshall, Le syndrome de l’autruche, Paris, Actes Sud, 2017, p. 41.


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